Lors d’un voyage en Islande, en plus d’aller à la rencontre du peuple invisible, j’ai eu le bonheur de découvrir une espèce de volatile bien particulière : les macareux moines (aussi connu sous le nom de perroquet de mer – c’est un peu plus poétique, n’est-ce pas ?). On pourrait dire que c’est un mélange entre un colibri et un manchot dont le résultat donne envie de s’écrier « oohhh comme il est mignon ! ». L’idée de macarologie – qui ne portait pas encore ce nom – était en train de prendre forme quand je me suis retrouvée face à eux.

macareux moine dans l'herbe - Carole Helissen-Schuster

Rencontrer les macareux moines

L’Islande, c’est une île magique – elle est remplie d’êtres invisibles – avec une nature à couper le souffle. Au niveau de ses paysages, certes, mais aussi des animaux qui les peuplent. En dehors des moutons et des sternes arctiques aux abords des routes, il y a ceux qui restent aux abords de la mer, sur les falaises. Parmi eux, les macareux moines. C’est en Islande qu’ils sont le plus nombreux. Même s’ils y sont plusieurs millions, il faut savoir les trouver. C’est dans un guide touristique bien connu que j’ai trouvé la carte au trésor qui me permettrait d’approcher ces volatiles à moins d’un mètre.

Je ne les vois pas tout de suite mais, juste au bord de la falaise, à un mètre de moi, des macareux moines se dorent la pilule en faisant la sieste, font leur toilette, rentrent dans leurs terriers ou sont sur le sol, avec de l’herbe dans leurs becs. Certaines de ces boules de plumes d’entre 25 et 35 cm de haut s’envolent tant bien que mal jusqu’à l’eau et ramènent des poissons à leurs petits qui se trouvent dans les terriers creusés dans l’herbe.

La vie des macareux

Je dis qu’ils volent tant bien que mal parce qu’un macareux qui vole, c’est un peu comme un chien qui marche avec un cône autour du cou : il y arrive, mais on sent bien qu’il a du mal. C’est pour ça que je rapproche les macareux moines d’un mélange entre un colibri et un manchot. En fait, les ailes du puffin – le nom anglais du macareux – sont petites pour son poids et il doit en battre aussi vite que le fait le colibri pour pouvoir voler. D’ailleurs, il ne vole vraiment que quelques mois de l’année, au printemps et en été, pendant la période de reproduction. Le reste de l’année, il est en haute mer, ce qui fait de lui un oiseau pélagique. C’est l’hiver que ses points communs avec le manchot s’expriment le mieux : le macareux moine ne vole peut-être pas très bien, mais c’est un pro de la plongée – il peut aller jusqu’à 15 mètres en apnée – et il est très bien équipé pour lutter contre le froid. Heureusement, puisqu’il se nourrit de poissons et qu’il vit dans l’Océan Atlantique Nord. Aussi, comme le manchot, il a les pattes palmées et la démarche maladroite.

Le plus connu des macareux – il en existe d’autres espèces – se pare d’éclatantes couleurs pendant sa période de reproduction. C’est le moment où ses pattes jaunes deviennent rouges et où son bec reprend ses couleurs. Les macareux s’accouplent en mer et creusent des terriers allant jusqu’à un mètre de profondeur sur les terrains herbeux des bords de mer pour accueillir l’unique œuf que la femelle pond par an. Le couple l’installe dans un nid d’herbes, de plumes, de feuilles, et de tout ce qu’ils trouvent qui convienne. Les parents vont couver à tour de rôle et se relayer pour lui chercher à manger. Une quarantaine de jours après la naissance du petit, ils retournent en mer. L’oisillon ne s’alimente pas pendant une semaine avant de quitter le nid et de s’élancer vers la falaise… pour tomber dans l’eau et flotter pendant sept semaines jusqu’à ce qu’il puisse voler. Il commence à reproduire le schéma familial – et lui-même – quand il atteint l’âge de 5 ou 6 ans. Les macareux moines ont un peu plus de 20 ans d’espérance de vie.

L’avenir des macareux

Malheureusement, l’existence des macareux est menacée par les nappes de pétrole et par la chasse au point où ils sont considérés comme une espèce vulnérable. Pourtant, ils sont encore chassés en Islande – le pays qui compte le plus de colonies – où on consomme leur chair et leurs oeufs. Sur une île privée,, non loin de la côte au Nord, par exemple, on les attrape au filet à papillons.

Pire, ils sont en voie d’extinction en France : il ne reste plus qu’une colonie d’environ 200 macareux moines en Bretagne. Ils ont été chassés et sont toujours menacés, malgré les actions de la Ligue de Protection des Oiseaux. C’est peut-être même là que vous avez déjà vu des macareux : leur protection a été à l’origine de la création de la LPO en 1912 et ils sont devenus son symbole.

Macareux moine qui bat des ailes - Carole Helissen-Schuster

Quand il s’est agit de baptiser ce webzine, c’est à cette espèce d’oiseau exceptionnel que j’ai pensé. Vous comprenez mon choix ?

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