Le tatouage, à la base, c’est pas franchement un truc de nanas. En tout cas dans nos sociétés occidentales et dans l’imaginaire collectif des débuts du tatouage comme on le connaît aujourd’hui. On a tous en tête les tatouages de marins ou de bagnards, milieux dans lesquels les femmes ne se faisaient pas trop voir à l’époque. Et pourtant, justement, si, elles se faisaient voir. Elles étaient peut-être absentes des champs de bataille et des ponts des navires, mais elles étaient là, tatouées sur les corps de ces messieurs. Et maintenant vous avez en tête les pin-up de nos chers soldats américains, de rien.
Tatouage et virilité
Pourquoi le tatouage c’était un truc de mec ? Parce qu’ils veulent le montrer pour faire les malins devant les autres, pardi. C’est l’idée. On sait qu’il y a une tendance à jouer au coq dans les milieux de mecs – parce qu’ils ont été élevés comme ça, que voulez-vous. Le but c’est de montrer qu’on est un vrai, un dur, un fort – la personne hein, mais peut-être aussi son organe génital, qui sait. Au Laos, traditionnellement, si t’es un homme et que t’as pas de tatouage, non mais allo quoi, t’es limite pas vraiment un homme. C’est comme les plumes du coq qui le différencient de la poule : le mec a son tatouage pour faire ça. Et puis aussi parce que le tatouage, surtout avant l’invention du dermographe – cette machine à tatouer magique –, ça fait mal. Et quand on est un vrai mec, on résiste à la douleur. Le tatouage, ça en devient une marque de force physique, certes, mais aussi de caractère et de courage. Donc un petit peu d’encre ça devient le combo des qualités les plus enviables entre hommes, le genre de trucs auxquels on mesure ta valeur. Le but du coup c’est de le montrer aux autres. C’est pour ça qu’on se faisait tatouer plutôt à des endroits visibles, genre le bras.
Marque d’appartenance

Le tatouage restait pas super bien vu par l’Eglise – même si, contrairement à ce qu’on nous fait croire, ça a pas toujours été le cas : n’est-ce pas les pèlerins en Terre Sainte qui se faisaient déjà tatouer pour ramener un souvenir de voyage ? C’est pour ça qu’il y en avait plus chez les marins ou les bagnards : c’est des milieux où c’était valorisé encore plus parce que ça allait contre la norme. Et vous imaginez les marins, ils voyagent, ils découvrent de nouveaux horizons, ils voient des tatouages… Comment résister ? Fallait tester, et comme de plus en plus se sont faits encrés, ça montrait que t’étais marin. On se refilait les bonnes adresses et des codes se sont créés autour de ça, comme les fameuses deux hirondelles : une tatouée à l’aller, l’autre au retour.
Les soldats, eux, c’est encore un peu différent. C’était un moyen de marquer son passage sur le champ de bataille comme pour garder une trace d’un rite initiatique, de se dire qu’après avoir vu ça on ne sera plus le même et de changer son corps pour matérialiser le changement. Et dans un contexte pareil, ça permettait d’affirmer son appartenance à son bataillon : pour se sentir faire partie d’un groupe quand on est loin de chez soi et qu’on a qu’eux sur qui compter. Dernier truc : faut pas se leurrer, quand t’as plein de morts d’un coup, c’est plutôt un nombre que des individus. Avoir un corps tatoué, c’était un moyen de le rendre moins anonyme une fois tombé sur le champ de bataille.
Tu veux d’autres exemples ? chez les prisonniers, les membres de gangs, voire les rockeurs qui au départ se rassemblaient plutôt entre mecs. Le tatouage, c’est un signe d’appartenance à un groupe. Et chacun a son propre catalogue d’images : ancres et voiliers pour les marins, scènes militaires et numéros de matricules pour les soldats.
Les femmes dans la peau
Et les femmes dans tout ça ? Elles sont tatouées sur leurs peaux, en position sexy ou avec de pudiques initiales. Parce que oui, on parle de milieux masculins où les femmes se font rares. On cherche à combler le manque de celle qui nous attend à la maison, que ce soit sa maman (dans un cœur sur le bras) ou sa compagne. On l’a dans la peau à défaut de l’avoir dans les bras. C’est aussi un moyen de prouver son amour pour qu’elle patiente tranquille, ne nous leurrons pas : ils ont peur qu’elle ne soit plus là au moment du retour et lui donnent un gage d’attachement indélébile. Dans le genre des tatouages à tendance érotique, l’exemple qui va te parler c’est celui des pin-up sur les corps des soldats états-uniens. La pin-up, c’est la « fille d’à-côté », innocente tout en étant désirable. Elle était supposée porter bonheur, c’était presque magique comme truc. Ils allaient jusqu’à se confier à elle quand ils déprimaient d’être loin de chez eux. Elle leur rappelait la maison.
Et n’oublions pas : ça voulait dire qu’ils étaient hétéros. Grande problématique des milieux masculins : dire qu’on est un bonhomme hétérosexuel – et un homme à femmes, un vrai tombeur, c’est encore mieux. Pour aller plus loin dans l’affirmation de son sex appeal (hétéro), d’autres genres de tatouages existent. Ils sous-entendent la présence des femmes, mais sans les montrer ou les nommer cette fois-ci. Des exemples pour que tu voies l’idée : « Robinet d’amour », « Réservé aux dames » ou « Au plaisir des dames » inscrit sur le bas ventre.
Le tatouage, dans les milieux masculins des derniers siècles, cette marque qui permet d’affirmer sa virilité, et son hétérosexualité en prime. Depuis, encore plus au cours des dernières décennies, les frontières ont bougé. Bon, le tatouage ça peut toujours être un moyen de montrer son appartenance à un groupe ou qu’on est fort, et puis on trouve encore des allusions sexuelles dans certains, mais c’est plus typiquement une pratique des milieux masculins, ou des hommes. Les femmes aussi sont fortes et peuvent utiliser ce moyen là pour exprimer leur sexualité, ou tout un tas d’autres choses. Elles peuvent même se faire tatouer des hommes, et je ne pense pas à la tête de Johnny.
Toi, t’es un homme tatoué ? Réagis en commentaires !
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